Patrimoine

L’archéologie à Québec

Îlot des Palais

Tandis que la place Royale est avant tout marchande, le deuxième foyer de développement de la basse-ville de Québec est industriel. Il comprend notamment un chantier maritime et une brasserie créés par l’intendant Jean Talon (Châlons-sur-Marne, 1626 – France, 1694).

Plan des vestiges reliés à la première occupation européenne de l’îlot des Palais, 1666-1673.

Plan Ville de Québec.

Le chantier maritime

Les vestiges de deux bâtiments antérieurs à la brasserie ont été retrouvés : l’un, d’une longueur de 24 m et d’une largeur probable de 8 m, servant d’assise au corps central de la brasserie; l’autre, d’environ 5 m de côté, situé au nord-ouest du premier.

Un peu plus à l’ouest, dans un contexte contemporain à ces deux constructions, les archéologues ont découvert de nombreuses pièces de bois sciées ou équarries, des copeaux et des résidus d’étoupe. Aucun objet ou outil ne permet toutefois de préciser la nature de ces activités de travail du bois. Une dépression ressemblant à une cale a aussi été mise au jour.

Toutes ces traces d’occupation pourraient se rapporter au chantier maritime fondé par l’intendant Talon en 1666. Par ailleurs, il est permis de penser que des composantes du chantier maritime aient pu servir dans l’aménagement du bassin à bateau qui occupera par la suite ce secteur.

Fondations du bâtiment ayant servi d’assise au corps central de la brasserie créée par l’intendant Jean Talon.

Photographe Ville de Québec.

Couche de sol contenant de nombreux résidus de bois qui pourraient être reliés aux activités du chantier maritime établi par l’intendant Jean Talon.

Photographie Ville de Québec.

Pièces de bois travaillées provenant d’un atelier antérieur à la brasserie de Jean Talon.

Îlot des Palais, collections archéologiques de la Ville de Québec, photographie Ville de Québec.

La brasserie

La brasserie de Jean Talon avait pour but de réduire l’importation de vin et d’eau-de-vie de la métropole, tout en stimulant la culture de l’orge et du houblon. L’entreprise, qui ne sera jamais rentable, fermera ses portes en 1675.

Selon un plan de 1670, l’édifice de la brasserie était formé d’une partie longue et étroite à l’est, à laquelle se greffaient deux petites constructions carrées au nord et au sud, et d’une aile pourvue d’une annexe à l’ouest. Les vestiges révèlent que le bâtiment était de pierre et de colombage avec un toit couvert d’ardoise; il mesurait 35,2 m, sans l’annexe.

Le germoir de la malterie prenait place dans les caves de la partie est. Les installations comprenaient une citerne fournissant l’eau nécessaire au trempage de l’orge, un plancher dallé sur lequel le grain était étendu, deux âtres qui assuraient la température propice à la germination et un drain pour l’évacuation des eaux usées. La petite construction au nord était une touraille, où l’orge germée était mise à sécher. L’aile ouest était occupée par un massif de maçonnerie doté de deux cavités circulaires destinées à recevoir les récipients en cuivre servant au brassage.

L’exploitation de la brasserie a laissé peu de traces à part des grains de houblon, plante utilisée pour aromatiser la bière, et des cocons de tubifex, petits vers indicateurs de pollution et souvent associés aux eaux usées des brasseries.

Les fouilles ont démontré que la petite construction au sud abritait des latrines. L’emplacement semble toutefois peu compatible avec l’utilisation de la citerne à proximité. Les latrines avaient été vidangées, mais ce qui reste de leur contenu se rapporte essentiellement à l’utilisation de la brasserie comme logement après l’ajout de l’aile est. Cette aile en pierre a sans doute été bâtie entre 1675 et 1679.

Distillerie et brasserie de Beauport

En R, la brasserie de Jean Talon avant la construction de l’aile est.

Détail du plan La Ville haute et basse de Quebek en la Nouvelle France 1670, Bibliothèque et Archives Canada, H1/340/Québec/1670.

Vestiges de la brasserie de Jean Talon.

Plan Ville de Québec.

Parement intérieur du mur est de la brasserie de Jean Talon. On aperçoit le dallage du germoir.

Photographie Ville de Québec.

Intérieur d’une malterie : en bas, le germoir; en haut, le séchoir.

Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, 1751-1772, Brasserie, pl. IV.

Intérieur d’une touraille : l’orge était séchée sur une surface ajourée disposée au-dessus d’une source de chaleur.

Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, 1751-1772, Brasserie, pl. I. 

Support d’une cuve de brassage dans l’aile ouest de la brasserie de Jean Talon.

Photographie Ville de Québec.

Fourneaux et cuves de brassage.

Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, 1751-1772, Brasserie, pl. II.

Liard français de 1655, environnement de la brasserie de Jean Talon.

Îlot des Palais, collections archéologiques de la Ville de Québec, photographie Ville de Québec.

Tuile d’ardoise, pipe, noix, perles de verre noir, grenaille ou cendrée de plomb, épingles de laiton, amadou, bouchons, manche d’outil et chevilles de bois, canalisation de la brasserie de Jean Talon.

Îlot des Palais, collections archéologiques de la Ville de Québec, photographie Ville de Québec.

Cocons de tubifex, canalisation de la brasserie de Jean Talon.

Îlot des Palais, collections archéologiques de la Ville de Québec, photographie Ville de Québec.

En 3, la brasserie de Jean Talon avec l’aile est; en 12, la potasse.

Robert de Villeneuve, détail du Plan de la ville et chasteau de Québec, fait en 1685 mezurée exactement par le Sieur de Villeneuve, Archives nationales d’outre-mer, France, FR CAOM 3DFC349B.

En 1686, l’aile est (à gauche) ajoutée à la brasserie de Jean Talon semble avoir été agrandie. Elle sert déjà de logement et de magasin du Roi.

Maison de la brasserye, 1686, Bibliothèque et Archives Canada, F/350/Québec/1686.

Objets de faïence, porcelaine, terre cuite commune et verre, latrines attenantes à la brasserie de Jean Talon.

Îlot des Palais, collections archéologiques de la Ville de Québec, photographie Ville de Québec.

Ossements d’oiseaux, de petit gibier et de poissons et fragments de coquilles d’œuf, latrines attenantes à la brasserie de Jean Talon.

Îlot des Palais, collections archéologiques de la Ville de Québec, photographie Ville de Québec.

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