Patrimoine

L’archéologie à Québec

Tombeau de Champlain

Samuel de Champlain (Brouage?, ? – Québec, 1635), dessinateur, géographe, explorateur et fondateur de Québec, se situe au cœur de l’histoire de l’Amérique française. Il reste toutefois un personnage énigmatique. Dans le récit de ses voyages et découvertes, il parle peu de lui, mais se révèle à travers ses projets; ses écrits donnent l’image d’un homme curieux, fin stratège, énergique et endurant. Par ailleurs, même s’il a été souvent représenté, aucun portrait authentique ne permet de se faire une idée de ses qualités physiques.

Ce que l’on sait

Décédé à Québec le 25 décembre 1635, Champlain repose dans un lieu qui demeure inconnu. Les Relations des Jésuites de 1636 nous apprennent qu’il est mort pieusement et a eu droit à des funérailles honorables. Une mention de 1641 affirme l’existence d’une chapelle de Mr de Champlain, où l’on a enterré le commissaire général de la compagnie des Cent-Associés, François Derré de Gand (?, ? – Québec, 1641). Deux mentions du 22 octobre 1642 indiquent que l’on a procédé à l’inhumation du père jésuite Charles Raymbault dans cette même chapelle et « près du corps de feu Monsieur de Champlain, qui est dans un sépulcre particulier, érigé exprès pour honorer la mémoire de ce signalé personnage qui a tant obligé la Nouvelle-France ». Plusieurs documents postérieurs font référence à la chapelle de Champlain, sans allusion à la sépulture.

Naissance de l’archéologie québécoise

On fait habituellement remonter la discipline archéologique aux fouilles des villes d’Herculanum et de Pompéi au 18e siècle. Ce n’est cependant qu’au milieu du 19e siècle que les recherches se multiplient sur des sites historiques, connus à travers la littérature, et que débutent les premières recherches préhistoriques. Archéologie historique et préhistorique se développent de façon parallèle, avec des techniques légèrement différentes. Les origines de l’archéologie québécoise se situent aussi à ce moment.

À Montréal, sir John William Dawson, un éminent géologue de McGill, s’intéresse alors à des vestiges trouvés sur le campus. Il soutient dans plusieurs articles qu’il s’agit du village iroquoien d’Hochelaga visité par Jacques Cartier en 1535. Des recherches subséquentes démontreront que l’occupation autochtone est un peu plus ancienne.

À Québec, le foyer d’intérêt se trouve au Séminaire de Québec, où l’on met sur pied un musée d’ethnologie renfermant des pièces égyptiennes, asiatiques, africaines, autochtones et inuites. Les abbés Charles-Honoré Laverdière (Château-Richer, 1826 – Québec, 1873) et Henri-Raymond Casgrain (Rivière-Ouelle, 1831 – Québec, 1904) réalisent les premières fouilles en archéologie historique, toutes marquées par le désir de retracer les vestiges associés aux grands personnages et de mieux connaître l’histoire religieuse de la Nouvelle-France.

Une croisade

C’est donc dans cet esprit que les abbés Laverdière et Casgrain attribuent au fondateur de Québec des ossements humains mis au jour fortuitement en 1854 dans la rue du Petit-Champlain, au pied de l’escalier Casse-Cou. Cette identification donne lieu à une série de publications et d’échanges désignée sous le nom de « querelle des antiquaires », qui est à l’origine de la recherche soutenue menée par la suite pour découvrir le tombeau de Champlain.

Si l’idée d’une localisation à la basse-ville est assez rapidement abandonnée, la possibilité d’une inhumation dans le premier cimetière de Québec, côte de la Montagne, est évoquée. La plupart des hypothèses placent néanmoins la sépulture dans la chapelle de Champlain, qui se situerait sur le site ou à proximité de la basilique-cathédrale de Notre-Dame-de-Québec.

Les nombreuses interventions réalisées pour trouver le tombeau de Champlain se sont révélées infructueuses et les incertitudes entourant cette question sont nombreuses. Les restes de Champlain ont-ils fait l’objet d’une translation? Dans un milieu aussi densément occupé que le Vieux-Québec, les vestiges n’ont-ils pas été détruits par des travaux subséquents? Pourrait-on identifier les ossements? Ce que l’on sait des caractéristiques physiques de Champlain se résume à peu de chose, soit : qu’il avait environ 65 ans au moment de son décès; qu’une flèche lui « fendit le bout de l’oreille & entra dans le col » et que deux flèches l’ont blessé à une jambe, dont l’une dans le genou; et qu’il n’a probablement pas souffert de scorbut.

Le désir de se recueillir sur la tombe des personnes admirées ou aimées est profondément ancré dans le comportement humain et, à ce titre, la découverte de la sépulture de Champlain trouve un écho. L’archéologique de la ville est cependant plurielle et englobe une multitude d’aspects dignes d’attention. Dans une perspective archéologique plus globale, l’œuvre de Samuel de Champlain nous est connue à travers des traces de son époque mises au jour sur plusieurs sites, notamment ceux de l’Habitation de Champlain, du fort Saint-Louis et de la ferme du cap Tourmente, qui sont autant de lieux de mémoire.

Cimetières de la basilique-cathédrale de Notre-Dame-de-Québec

Place Royale

Ville de Québec. « Seconde Habitation de Champlain », 2014.

Guimont, Jacques. « La ferme du Cap Tourmente », Musée canadien de l’histoire.

Lieu historique national du Canada des Forts-et-Châteaux Saint-Louis. « Des fouilles fructueuses » et « Une remarquable collection d’artefacts et d’écofacts ».

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