Patrimoine

L’archéologie à Québec

Tannerie artisanale de la rue De Saint-Vallier

1668-1760 : Tanneur, un métier en demande

C’est avec l’appui de l’intendant Jean Talon (Châlon-sur-Marne, 1626 – France, 1694) que la première tannerie de la colonie est fondée en 1668. Propriété de François Bissot de La Rivière (Pont-Audemer, v. 1612 – Québec, 1673), elle était située à la pointe Lévy, en face de Québec. Bissot l’exploite avec son gendre, Étienne Charest (m. 1699). La famille Charest perpétuera cette importante entreprise même après la Conquête britannique. On y tannait des peaux de bœuf, de vache, de marsouin et de loup-marin. On y faisait également de la cordonnerie.

En 1685, il existait deux tanneries à Québec et une à l’île d’Orléans. En 1706, une ordonnance restreint à cinq le nombre de tanneurs pouvant exercer dans le district de Québec. L’un deux est Jean Larchevêque, qui avait établi une tannerie sur la terre de sa briqueterie en 1702. Le marchand Charles Aubert de La Chesnaye (Amiens, 1632 – Québec, 1702) était son associé dans cette exploitation, tout comme dans la fabrication de briques et de poteries.

Peu après 1714, de nouvelles tanneries voient le jour à Québec. Pour la première fois, leur présence est signalée dans le faubourg Saint-Roch, en particulier rues De Saint-Vallier et Saint-Roch.

Histoire de la briqueterie Landron-Larchevêque et des ateliers de potiers de la rue De Saint-Vallier

Plan de la tannerie de Noël Giroux, rue De Saint-Vallier, en 1762.

Bibliothèque et Archives nationales du Québec, TL5, D69004.

1760-1835 : Les tanneurs Robitaille et Gauvreau

En 1762, le tanneur Pierre Robitaille acquiert un terrain rue De Saint-Vallier. Il l’agrandit par la suite à l’est et au sud, s’appropriant ainsi une source. Une maison-tannerie est construite sur l’emplacement vers 1774.

La propriété est vendue au tanneur François Gauvreau (m. 1805) en 1784 et reste dans cette famille jusqu’en 1835.

En 1790, 11 tanneurs sont recensés à Québec, dont 6 sont installés rue De Saint-Vallier. La ville compte 33 tanneries en 1831, pour la plupart situées dans le faubourg Saint-Roch.

Vue de la rue De Saint-Vallier en 1830.

Aquarelle de James Pattison Cockburn, Street in suburbs of St. Roch, 10 juin 1830, Musée royal de l’Ontario,

2005.1473.9.

Les tanneurs Hallé et Patry : 1835-1875

La propriété et les équipements de la famille Gauvreau passent aux mains du tanneur Jean-Baptiste Hallé en 1835. Peu après, Hallé achète une bande de terrain au nord pour y installer une canalisation.La tannerie et les dépendances sont détruites lors du grand incendie qui ravage le faubourg Saint-Roch en 1845.

Lorsque le corroyeur François Patry (1827-1875) acquiert l’entreprise en 1857, les installations nécessaires à son fonctionnement ont été reconstruites. En 1871, la tannerie fonctionne à l’année et emploie trois personnes. Elle traitera cette année-là 950 peaux de toutes sortes et produira 1 900 « côtés » de cuir rouge, un rendement comparable à celui d’autres petites tanneries de Québec.

Malgré l’expansion de l’industrie du cuir entre 1850 et 1875, la pratique du tannage artisanal devient plus difficile durant cette période. La mécanisation et l’agrandissement des unités de production, qui prennent l’allure de véritables manufactures, menacent les fabriques traditionnelles. Ce contexte, associé à la crise des années 1873-1879, sera défavorable à la poursuite des activités de la tannerie Patry après le décès de son propriétaire. De plus, Patry n’avait pas de fils pour assurer la relève et devait une somme importante à Jean-Baptiste Prat (Berthier, 1812 – Montréal, 1876), un grossiste en cuir de Montréal. En 1876, le boulanger Jean Michel devient donc propriétaire, transformant complètement la vocation des lieux.

Manufactures de tannage et de chaussures : 1875-1940

En 1871, les 42 tanneries de Québec emploient 260 ouvriers. L’adoption de lois favorisant les tanneries, la mise en place de nouveaux procédés industriels, la mécanisation dans la fabrication des chaussures et l’augmentation de la production qui s’ensuit font de la ville l’un des plus grands centres de tannage du Canada. De 1896 à 1940, l’industrie du cuir occupe le premier rang de l’activité manufacturière de la ville et est toujours concentrée dans le faubourg Saint-Roch.

L’industrie du cuir est une activité très importante à Québec et plus particulièrement l’industrie de la chaussure, comme en témoigne cette publicité.

Page couverture du journal La Patrie, 21 mai 1910.

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