Où était situé le village iroquoien de Stadaconé? Historiens et archéologues s’intéressent à la question depuis le 19e siècle.
Jacques Cartier (Saint-Malo, 1491 – Saint-Malo, 1557) établit que la rivière Saint-Charles est au nord de Stadaconé et à une demi-lieue de ses navires, amarrés au confluent des rivières Saint-Charles et Lairet. Il qualifie le village de terre double, de bonne hauteur et toute labourée.
Avant 1950, les chercheurs situaient Stadaconé à la haute-ville. Aujourd’hui, les archéologues penchent plutôt pour des emplacements semblables à ceux de sites iroquoiens déjà découverts. Il s’agit de lieux bien drainés, favorables à la culture et bordant un cours d’eau. La proximité de boisés inondés par des barrages de castors était aussi recherchée, car ils fournissaient quantité d’arbres morts utilisés entre autres pour la charpente des maisons longues.
Reconstitution d’une maison longue. Foyers, traces de pieux, fosses d’entreposage, restes alimentaires et objets de troc européens sont autant d’indices qui pourraient révéler la présence du Stadaconé de Cartier.
Dessin Carlo Wieland, tiré de Jean Hamelin et Carlo Wieland, Québec 1626 : un comptoir au bord du Saint-Laurent, Edisem et Éditions Ouest-France, 1989.
Le Stadaconé de Cartier
À la lumière de ces données et en tenant compte des relations de voyage de Cartier, l’archéologue Michel Plourde présume que Stadaconé se trouvait :
- sur la rive sud de la rivière Saint-Charles;
- à une altitude inférieure à 15 m, là où se concentrent les terres planes et cultivables;
- dans les secteurs de la rue Marie-de-l’Incarnation et du cimetière Saint-Charles, si le site est à proximité de la rivière;
- sur un arc de cercle distant de 1,6 km ou de 2,5 km du lieu historique national du Canada Cartier-Brébeuf, si le site est en retrait de la rivière.
Cependant, comme Cartier estimait à un tiers de lieue la largeur du fleuve Saint-Laurent à Québec, qui est de 1 km, on peut déduire qu’il utilisait comme mesure la lieue de Paris. Le village aurait donc été éloigné d’à peu près 1,6 km du confluent des rivières Saint-Charles et Lairet.
Douze Stadaconés?
Stadaconé comptait entre 500 et 800 personnes, probablement réparties dans une vingtaine de maisons longues. On évalue sa superficie minimale à 5 000 m2, soit environ deux pâtés de maisons.
En raison de la forte urbanisation des abords de la rivière Saint-Charles, la probabilité de retracer « le » Stadaconé de Cartier demeure faible, mais d’autres Stadaconés ont peut-être existé.
En effet, l’épuisement des sols, la détérioration des habitations, la diminution des boisés d’où était tiré le combustible ainsi que l’infestation des réserves de nourriture par les rongeurs sont autant de raisons qui imposaient un changement de lieu tous les 15 ou 20 ans. C’est dire qu’entre 700 ans AA (1300 de notre ère), moment où l’agriculture est vraisemblablement apparue dans la région de Québec, et 1535, date de la venue de l’explorateur, une douzaine de Stadaconés ont pu se succéder.
Michel Plourde, « Stadaconé : lieu de “demourance” de Donnacona »,Cap-aux-Diamants, n° 93 (juin 2008), p. 11-14.
Place Royale
Lieu historique national du Canada Cartier-Brébeuf
Vases iroquoiens en céramique.
Dessin Carlo Wieland, tiré de Jean Hamelin et Carlo Wieland, Québec 1626 : un comptoir au bord du Saint-Laurent, Edisem et Éditions Ouest-France, 1989.