Louis Hébert (Paris, 1575 – Québec, 1627) arrive à Québec en 1617. On sait qu’en 1620 les ouvriers de Champlain lui construisent une maison « à son labourage », mais on ignore où il loge entre-temps. Il n’est pas impossible que la maison Hébert-Couillard ait été sa première habitation puisque les archéologues y ont trouvé un poids d’apothicaire. Des graines de jusquiame noire, une plante médicinale, ont également été identifiées parmi les restes végétaux.
D’après la documentation historique, la maisonnée des Couillard était multiculturelle. Au fil des ans, outre les dix enfants du couple, de nombreux serviteurs ont vécu dans la demeure, dont Olivier Le Jeune, esclave d’origine malgache, de même que Charité et Espérance, jeunes Innues (Montagnaises) protégées de Samuel de Champlain (Brouage?, ? – Québec, 1635).
Louis Hébert et Guillaume Couillard (Saint-Malo ou Paris, v. 1591 – Québec, 1663) jouissaient de la confiance des Nations autochtones alliées et ont vraisemblablement commercé avec eux. Marie Rollet (? – Québec, 1649) et Guillemette Hébert (Paris ou Dieppe, v. 1606 – Québec, 1684) ont contribué à l’éducation des jeunes et ont été marraines de plusieurs Autochtones convertis.
La maison Hébert-Couillard a été habitée par les petits séminaristes de 1668 à 1677. Elle reçoit d’abord 13 pensionnaires, dont 6 Hurons-Wendat. En 1675, elle est occupée par 25 écoliers, tous français.
Maison De La Chesnaye : Vertus médicinales des plantes
Poids d’apothicaire en alliage cuivreux avec poinçon officiel à motif de fleur de lys, occupation de la maison Hébert-Couillard, 1617-1677.
Séminaire de Québec, collections archéologiques de la Ville de Québec, photographie Ville de Québec.
Perles de verre, bague dite jésuite et cônes décoratifs en laiton, occupation de la maison Hébert-Couillard, 1617-1677.
Séminaire de Québec, collections archéologiques de la Ville de Québec, photographie Ville de Québec.
Ébauche et fragments de pipes en pierre trouvés dans des sols remués.
Séminaire de Québec, collections archéologiques de la Ville de Québec, photographie Ville de Québec.
Maison Hébert-Couillard : le carré initial
Dans son état premier, la maison Hébert-Couillard mesurait environ 5,80 m de côté. Les découvertes archéologiques révèlent que les fondations étaient grossières et qu’elle était en colombage. Le plancher en bois reposait directement sur le sol. L’âtre se situait probablement au nord.
Les montants de bois de la charpente étaient espacés de 16 cm environ. Un hourdis, fait de paille maintenue en place par du mortier mêlé de matières végétales et de cailloux, comblait les vides.
À l’intérieur, ce mortier de remplissage servait aussi d’enduit, dissimulant les montants. La finition était plus soignée et les murs étaient passés au lait de chaux. Les clous étaient rares, mais des empreintes observées dans le hourdis laissent supposer qu’on utilisait des goujons et des chevilles de bois.
Une annexe s’appuyait contre le mur ouest.
L’agrandissement de la maison
L’agrandissement vers le nord, réalisé en 1653, doublait la superficie de l’habitation. Les fondations étaient de meilleure facture que dans la partie ancienne. Ici, les pièces de charpente étaient posées l’une contre l’autre, sans espacement. Le plancher n’a pas laissé de traces, ce qui laisse croire qu’il était dégagé du sol.
Vestiges du carré initial de la maison Hébert-Couillard.
Photographie Ville de Québec.
Détail d’un plan de Québec de 1670. La lettre B désigne le Séminaire : en 4, le logement des pensionnaires; en 5, les jardins; en 6, le clos. À noter, la croix de Tracy.
La Ville haute et basse de Quebek en la Nouvelle France 1670, Archives nationales d'outre-mer, France, FR CAOM 3DFC343A.
L’organisation des lieux
Au sud de la maison, une zone pavée pourrait faire partie d’un chemin d’accès à la propriété.
On circulait beaucoup le long de la façade est. C’est là que se trouvait habituellement la porte d’entrée. De plus, un sentier passait possiblement à cet endroit, menant sans doute à la fontaine en contrebas. Les historiens ont longtemps pensé que la fontaine mentionnée dans l’acte de partage de 1634 était le puits de la cour intérieure. Les fouilles ont cependant démontré que cette portion de la cour n’était pas fréquentée à l’époque des Couillard.
À l’est de l’aire de passage, une dépression linéaire contenant des pierres servait de base à une palissade dont on ignore le tracé intégral.
Une dépendance
Les vestiges découverts en 1866 par l’abbé Charles-Honoré Laverdière (Château-Richer, 1826 – Québec, 1873) ont été identifiés comme étant ceux de la maison Hébert-Couillard. Toutefois, l’absence de cheminée, la grandeur de la porte et l’épaisseur des fondations laissent supposer qu’il s’agit d’une dépendance en bois. Le bâtiment est contemporain de la maison Hébert-Couillard et présente la même orientation.
Plan de l’abbé Charles-Honoré Laverdière, 1866.
Les Musées de la civilisation, collection du Séminaire de Québec, fonds Charles-Honoré Laverdière, no 126.
Clé en fer forgé, occupation de la maison Hébert-Couillard, 1617-1677.
Séminaire de Québec, collections archéologiques de la Ville de Québec, photographie Ville de Québec.
Lampe à huile en terre cuite commune anglaise (de type North Devon), occupation de la maison Hébert-Couillard, 1617-1677.
Séminaire de Québec, collections archéologiques de la Ville de Québec, photographie Ville de Québec.
Attache décorative en laiton, occupation de la maison Hébert-Couillard, 1617-1677.
Séminaire de Québec, collections archéologiques de la Ville de Québec, photographie Ville de Québec.
Bague en laiton sertie de verre trouvée dans des sols remués.
Séminaire de Québec, collections archéologiques de la Ville de Québec, photographie Ville de Québec.
Médaille de la Vierge et fragment de bénitier en faïence, occupation de la maison Hébert-Couillard, 1617-1677.
Séminaire de Québec, collections archéologiques de la Ville de Québec, photographie Brigitte Ostiguy.
Branche de ciseau en fer et épingles en laiton, occupation de la maison Hébert-Couillard, 1617-1677.
Séminaire de Québec, collections archéologiques de la Ville de Québec, photographie Brigitte Ostiguy.
Plaque d’ardoise gravée de motifs floraux stylisés, occupation de la maison Hébert-Couillard, 1617-1677.
Séminaire de Québec, collections archéologiques de la Ville de Québec, photographie Brigitte Ostiguy.
Pièces de monnaie à l’effigie d’Henri III (roi de 1574 à 1589), de Louis XIII (roi de 1610 à 1643) et de Louis XIV (roi de 1643 à 1715), occupation de la maison Hébert-Couillard, 1617-1677.
Séminaire de Québec, collections archéologiques de la Ville de Québec, photographie Brigitte Ostiguy.
Maison de Louis Hébert
On suppose que la maison bâtie pour Louis Hébert en 1620 a été élevée en remplacement d’un logis existant ou qu’elle était un agrandissement de celui-ci.
Champlain relate que le 20 avril 1624 « un grand coup de vent enleva […] le pignon de la maison Hébert, qui estoit de pierre, que je lui fis rebastir : […] je fis raser le second estage, & la rendis logeable au mieux qu’il me fut possible, attendant l’occasion plus commode pour la mieux édifier ».
Des vestiges trouvés dans le stationnement de la rue des Remparts ont été hypothétiquement associés à cette demeure construite, en tout ou en partie, en 1620. Ils étaient situés dans le même axe que la maison et la dépendance des Couillard.
Le mur d’assise supportait probablement une construction en pierre et les archéologues ont repéré des restes d’un plancher en bois. Les fondations d’une annexe en charpente d’environ 4,5 m de diamètre étaient adossées à ce mur.
Cette habitation a été démolie bien avant la période du Séminaire. Il se pourrait que ce soit la maison qualifiée d’inhabitable dans l’inventaire réalisé en 1639 lors du décès de Guillaume Hébert, qui l’aurait reçue lors du partage des biens de son père en 1634.