Les nombreux conflits dans lesquels la France s’engage touchent de façon directe ou indirecte la Nouvelle-France. La menace d’affrontement est presque permanente, ce qui pousse les autorités coloniales à fortifier les grandes villes.
Défendre le port de Québec
La batterie Dauphine, qui fait pendant à la batterie Royale, est aménagée entre 1707 et 1709 sur les quais De La Chesnaye et De Comporté. Dans son état initial, la Dauphine a six embrasures.
La maçonnerie de la première batterie Dauphine est en pierre calcaire. Abîmée par les glaces, elle est réparée en 1729. Gaspard-Joseph Chaussegros de Léry (Toulon, 1682 – Québec, 1756), ingénieur du roi en Nouvelle-France, utilise alors du grès vert de Beaupré pour le parement extérieur. Les fouilles archéologiques démontrent qu’un enduit de mortier a également été posé sur la face intérieure de l’ouvrage afin de protéger la maçonnerie.
Port de la basse-ville
La batterie Royale commencée en 1691 et reconstituée à partir de ses vestiges archéologiques.
Photographie Luc-Antoine Couturier.
La maison De La Chesnaye, la maison De Comporté et la batterie Dauphine vers 1710.
Dessin Robert Côté avec la collaboration de Jean-René Caron.
Les vestiges de la batterie Dauphine.
Photographie Ville de Québec.
Le maintien des résidences et des commerces
Tout au long du Régime français, des résidences et des commerces occupent les quais transformés en batterie, et l’accès au fleuve demeure un enjeu primordial. En 1719, Chaussegros de Léry se plaint que les marchands ont détruit les merlons pour faire une allée. Il explique qu’on peut leur permettre de se promener dans la batterie, mais non d’en démolir les défenses. Les marchands seront d’ailleurs obligés de restaurer ces merlons à leurs frais. Les autorités tolèrent la construction de résidences directement sur la fortification, telle la maison Maillou, mais se réservent le privilège de les démolir si nécessaire.
Gaspard-Joseph Chaussegros de Léry, ingénieur du roi en Nouvelle-France de 1716 à 1756.
Gaspard Chaussegros de Léry, Musée national des beaux-arts du Québec, 67.101, photographie Jean-Guy Kérouac.
L’évolution de la batterie Dauphine
La batterie Dauphine sera l’objet de quelques réaménagements, au rythme des conflits qui éclatent en Europe et menacent la Nouvelle-France. Elle est notamment rehaussée et prolongée vers le nord dans les années 1740, en respectant l’emprise de la ruelle qui relie la rue du Sault-au-Matelot au fleuve Saint-Laurent et qui deviendra la rue Saint-Antoine.
La seconde batterie Dauphine, commencée vers 1757, restera inachevée. De cet ouvrage, les archéologues ont trouvé l’empierrement qui lui servait d’assise, à une distance de cinq mètres devant la première batterie, et un contrefort, le long de la rue Saint-Antoine.
Boulets et grenades mis en valeur à l’Auberge Saint-Antoine, période 1725-1760.
Îlot Hunt, collections archéologiques de la Ville de Québec et collection de référence de Place-Royale, Auberge Saint-Antoine, photographie Victor Diaz Lamich.
Boulet de canon mis en valeur à l’Auberge Saint-Antoine. Il porte les traces d’un impact avec une construction de bois.
Îlot Hunt, collections archéologiques de la Ville de Québec, Auberge Saint-Antoine, photographie Victor Diaz Lamich.
Petit canon français mis en valeur à l’Auberge Saint-Antoine. L’intérieur a été obturé pour empêcher que les conquérants britanniques l’utilisent. Plus tard, il aurait servi de bitte d’amarrage.
Îlot Hunt, collections archéologiques de la Ville de Québec, Auberge Saint-Antoine, photographie Victor Diaz Lamich.