Patrimoine

L’archéologie à Québec

Îlot Hunt

1660-1725 : les riverains construisent des quais

En 1687, les autorités coloniales concèdent un lot de grève à Antoine et Marguerite Angélique, enfants de Charles Aubert de La Chesnaye (Amiens, 1632 – Québec, 1702), et un autre à Philippe Gaultier de Comporté (Comporté, près de Poitiers, 1641 – Québec, 1687), donnant ainsi naissance à ce qui deviendra l’îlot Hunt.

Aubert de La Chesnaye fait ériger un enclos de pieux autour de son terrain en 1688. Des ouvertures au nord et au sud maintiennent la circulation sur la grève et facilitent le débarquement des marchandises. Un plan de 1695 environ suggère que le lot voisin est aussi clôturé.

Les propriétaires comblent par la suite le rivage et construisent deux quais de pierre adjacents, l’un en 1699 et l’autre vers 1704.

La batterie Dauphine, un ouvrage défensif destiné à recevoir des canons, est aménagée sur ces quais entre 1707 et 1709. 

Maison De La Chesnaye

Port de la basse-ville

1725-1760 : vivre sur la batterie Dauphine

Vers 1725, Jean Maillou (Québec, 1668 – Québec, 1753) bâtit une maison sur la batterie Dauphine, qui occupe son terrain. Cette maison est habitée par sa fille Marie-Louise (Québec, 1706 – Québec, 1757) et par son gendre, le capitaine et constructeur de navires Pierre-Michel Petrimoulx (Fontenay-le-Comte, vers 1690 – Québec?, 1751). Les bombardements de 1759 endommagent gravement la maison et tout le quartier.

Vue de Québec en 1761.

Gravure de Richard Short, Vue de Québec prise de la Pointe de Lévy, 1761, Bibliothèque et Archives Canada, C-000355.

1760-1795 : des propriétaires britanniques

Récemment arrivés au pays, Stephen Moore et Hugh Finlay (Écosse, vers 1730 – Québec, 1801) s’associent pour faire du commerce. En 1763, ils achètent la propriété des héritiers Maillou. Ils se font concéder un lot de grève et s’engagent à y construire un quai à péage.

L’entreprise de Moore et Finlay n’a pas le succès espéré. Dès 1765, la propriété est saisie. La maison Maillou et les dépendances, remises en état, seront louées jusqu’à la fin du 18e siècle.

L’îlot Hunt vers 1800.

Maquette Duberger/By, Parcs Canada, photographie Joan Fontcuberta.

L’îlot Hunt vers 1800.

Maquette Duberger/By, Parcs Canada, photographie Joan Fontcuberta.

1795-1825 : un quai en eaux profondes

Le port se développe par de grandes avancées sur le fleuve et par la multiplication des quais. La rue Saint-Antoine prend de plus en plus d’importance comme lien entre la rue du Sault-au-Matelot et le fleuve, et ce tant pour les résidants que pour les commerçants.

En 1822, le maître tonnelier John Chillas (Écosse?, 1755 – Québec, 1825) fait construire un long quai de bois et un immense entrepôt de pierre sur les deux lots de grève que la Couronne lui a concédés. Ce quai en eaux profondes facilite l’accostage des navires et la manutention des cargaisons.

L’ancienne maison Maillou et l’entrepôt s’entourent de plusieurs dépendances. Des habitations sont également bâties le long de la rue Saint-Antoine, prenant comme assise les vestiges de la batterie Dauphine. Chillas, qui est aussi commerçant en vin et autres biens, occupe une partie de la propriété et offre le reste en location.

Port de la basse-ville

Le maître tonnelier John Chillas.

Gracieuseté de madame Donal O’Donnell.

Vue du quai Hunt, du débarcadère au bout de la rue Saint-Antoine et d’une partie de l’entrepôt Chillas.

James Pattison Cockburn, Québec vu du quai de John Goudie, 1830, Musée national des beaux-arts du Québec, 69.51, photographie Patrick Altman.

1825-1880 : le quai Hunt

Après le décès de John Chillas, le quai est connu sous le nom de quai Hunt. Il est tour à tour propriété de Thomas Hunt, époux d’Elizabeth Chillas, du maître voilier James Hunt (Dartmouth, 1779 – Québec, 1847), puis du gendre de ce dernier, Weston Hunt.

Ce quai, considéré comme le troisième de la ville en termes de valeur commerciale, compte plusieurs entrepôts spacieux et des bureaux occupés par des commerçants, des compagnies d’assurance et la St. Lawrence Steamboat Company.

Par ailleurs, un établissement hôtelier est installé dans trois habitations mitoyennes de la rue Saint-Antoine aux 19e et 20e siècles. Taverne, saloon, buvette, restaurant, hôtel, café, les termes sont nombreux pour désigner ce commerce.

Avec le prolongement de la rue Dalhousie en 1875, le lieu se transforme. L’entrepôt Chillas est raccourci, et la façade est redessinée. Pour compenser la perte d’espace, les héritiers Hunt font construire deux entrepôts adjacents le long de la nouvelle voie de circulation.

Port de la basse-ville

Le maître menuisier et architecte Thomas Hunt.

Gracieuseté de madame Donal O’Donnel.

La maison Hunt, au coin des rues Saint-Pierre et Saint-Antoine, aurait été dessinée par le maître menuisier et architecte Thomas Hunt en 1836.

Auteur non identifié, Bibliothèque et Archives Canada, 64168.

Restauration de la maison Hunt.

Photographie Auberge Saint-Antoine.

Détail du foyer de la maison Maillou intégré à la maison Hunt.

Photographie Camille Lapointe.

Coffre ayant appartenu à James Hunt.

Îlot Hunt, collections archéologiques de la Ville de Québec, photographie Ville de Québec.

La rue Dalhousie vers 1900. L’édifice Garneau, à l’arrière-plan, a cédé la place au Musée de la civilisation.

Photographie Jules-Ernest Livernois, I. P. Dery’s Store, Bibliothèque et Archives Canada, PA-024170.

1880-1980 : Vallerand enr., cent ans de commerce

En 1883, André-Eusèbe Vallerand (Québec, vers 1848 – Québec, 1914) quitte l’entreprise familiale pour s’établir dans l’ancien entrepôt Chillas, à l’angle des rues Dalhousie et Saint-Antoine.

Le commerçant se présente comme importateur et agent de manufacturiers, en particulier de la Canadian Oil Company. Il vend en gros et au détail des combustibles liquides, des appareils d’éclairage, de la verrerie, de l’argenterie et de la céramique. Spécialisé dans la céramique d’hôtellerie, il compte parmi ses clients des hôtels, des restaurants, des collèges ainsi que des compagnies de chemins de fer et de bateaux à vapeur.

Après le décès de son propriétaire, Vallerand enr. passe aux mains de Ferdinand Douville dont les fils prendront la relève avec un commerce axé sur l’équipement et le matériel de restauration. Le nom de l’entreprise reste toutefois le même jusqu’à sa fermeture en 1987.

À la fin du 19e siècle, le port de Québec n’est plus ce qu’il était. La vitalité du quartier est maintenue par de grandes maisons de commerce, surtout francophones, et par les banques et bureaux, toujours nombreux. La population déserte toutefois les lieux.

Les maisons de la rue Saint-Antoine sont démolies vers 1960. Les entrepôts sont aussi peu à peu délaissés. L’îlot Hunt devient un stationnement.

La rue Dalhousie vers 1900.

Photographie Jules-Ernest Livernois, I. P. Dery’s Store, Bibliothèque et Archives Canada, PA-024190.

La rue Saint-Antoine, vue en direction de la rue du Sault-au-Matelot, vers 1900.

Pinsonneault édit. (Trois-Rivières), Rue du Saut aux Matelots, carte postale, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, P547, S1, SS1, SSS1, D1-15, P3433.

La rue Saint-Antoine, vue en direction du fleuve Saint-Laurent, 1952.

Photographie Jean-Paul Morissette, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, série Inventaire des œuvres d’art, E6, S8, P11464-A-1.

1980 à nos jours : renaissance de l’îlot Hunt

L’îlot Hunt, morcelé à la fin 19e siècle et abandonné au siècle suivant, retrouve son unité dans les années 1980. Il est acquis en 1990 par la famille Price, qui crée l’Auberge Saint-Antoine, un établissement hôtelier de prestige mettant en valeur les découvertes archéologiques.

Îlot Hunt et maison De La Chesnaye à l’Auberge Saint-Antoine

Le Vieux-Port de Québec.

Photographie Victor Diaz Lamich, Auberge Saint-Antoine.

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